J’ai
essayé de ne pas réagir. Nan je vous jure, mon grand clapet et moi on a tenté
de la boucler. Mais y a un moment où faut pas pousser bobonne végane dans les
abysses viandardes : tout ce foin autour du défi 40 jours sans viande me
gonfle et pas qu’un peu.
Je
passe souvent pour un Caliméro quand je dis ça (que l’on m’apporte une coquille
végétale je vous prie !) mais il y a véritablement dans le chef de certaines
personnes une haine envers les véganes. Genre, notre simple existence dérange. Et
le pire dans tout ce bazar à la con, c’est que les véganes y sont pour rien
dans ce défi ! Celui-ci a été lancé par des gens voulant réduire la consommation
de viande. Alors vous nous n’excuserez d’exister hein, parce qu’on vous a rien
demandé. Et quand bien même, ce foutu défi est proposé et non imposé. Participe donc qui veut. Mais
manifestement ceux qui ne veulent pas de ce défi ont besoin de le crier haut et
fort au point d’en faire un tapage médiatique : des ripostes en tout genre
fleurissent un peu partout. Et elle est là la vraie propagande !
Sérieusement,
ces réactions sont ridicules. On dirait des gosses qui craignent être privés de
bonbons. Les agriculteurs s’insurgent, saleté de véganes qui veulent leur voler
leur travail ! Le ministre de l’agriculture s’inquiète de ces extrémistes
voulant imposer leur régime salade saupoudrée de cailloux. L’utilisateur
facebook se rebelle, pas question que l’on touche à son steak !
Alors
j’ai envie de dire ceci : personne ne vous a mis le couteau sous la gorge
pour réaliser ce défi. Le couteau, il est sous la gorge des animaux dans les
abattoirs. Mais ça, ce n’est pas grave, suprématie du droit au barbec. Je n’en
ai rien à foutre de votre droit à manger de la bidoche, le droit de vivre des
animaux me semble au-dessus. Je n’en ai rien à foutre du travail des
agriculteurs. Je peux difficilement verser une larme pour quelqu’un qui verse
du sang chaque jour. La reconversion ça existe, l’agriculture peut être
végétale. Les nazis ont aussi perdu leur job le jour où on a fermé les camps de
concentration. Perso, ça ne m’empêche pas de dormir. Ouais, je n’y vais pas de
mains mortes quand j’ai les boules. Je n’en ai rien à foutre de tous ces
crétins qui se sentent menacés comme si les véganes allaient leur arracher leur
morceau de steak de la bouche.
J’en
ai juste sacrément ras le légume qu’une fois de plus les véganes soient
dépeints comme des fous furieux prêts à tout pour vous obliger à manger de l’herbe.
Alors que le véritable extrémisme vient des gens qui se sentent obligés de
brandir leur fourche(tte)s parce qu’ils aiment trop les pâtes carbo. À nouveau :
ce défi n’est pas obligatoire, alors gavez-vous de viande si ça vous chante les
artères et foutez nos la paix. Mais où étaient les alcolos lors du challenge
minéral ?!
Sur
les réseaux sociaux, on m’a carrément sorti « Un végane, ça se tutoie. » Ben oui, j’ai fait le choix d’essayer
de mener une vie sous le signe de la compassion, ça justifie tout à fait de me
manquer de respect. Logique.
Je
fais des efforts pour être une végane ouverte à la discussion. Mais là je vous
avouerais que j’ai envie d’hurler. D’envoyer tous ces gens qui crachent sur le
véganisme dans les abattoirs. Pour qu’ils soient confrontés à leur ignorance.
Pour qu’ils regardent ces animaux dans le blanc de l’œil et leur disent « Ma gourmandise vaut tellement plus que ta
vie. »
Je
ne supporte plus les « J’aime et je
respecte les animaux mais ta gueule le végane, le steak c’est trop bon. »
Hypocrisie quand tu nous tiens. Je ne supporte plus les moqueries en tout
genre, les « Ça a l’air dégueu ce
que tu manges » les « Hummmm
des pruneaux » quand je parle de lapins à sauver. La société vous a
aliéné à ce point pour que vous trembliez rien qu’à l’idée de 40 malheureux
jours sans viande ???
Je
suis devenue végane pour les animaux et pour moi, pas pour emmerder les pseudos
omnivores. Alors s’ils pouvaient également me foutre la paix, ce ne serait pas
du luxe. Parce que moi je n’ai plus le luxe de l’ignorance, pour reprendre les
propos d’Isabelle Bertaggia dans sa touchante lettre ouverte.
Les
vives réactions autour de ce défi sont représentatives de notre monde actuel :
individualisme, égoïsme, pointer du doigt un prétendu oppresseur pour ne pas se
poser question sur l’oppression que l’on exerce soit même. Précisons tout de
même qu’en Flandre, ce défi de 40 jours sans viande est vachement mieux
accueilli. Le Wallon ira encore s’étonner que le nord du pays soit vu comme en
avance sur le sud …
Dans
tout ce merdier, j’ai malgré tout envie de voir du positif. Si ce défi suscite
tant de bordel, je veux croire que c’est parce que les lobbies sentent qu’un
mouvement est en marche. Petit à petit le véganisme déploie ses ailes car les
gens ouvrent leurs yeux. Si les véganes étaient réellement qu’une bande d’abrutis
suceurs de cailloux, le débat ne serait pas aussi vif.
Alors
si toi qui me lis aspire à un monde où il est normal de torturer et tuer un
être pour son simple plaisir gustatif, crains moi. Crains nous. Crains tous les
omnivores prêts à faire des efforts. Parce que tu pourras nous cracher des
litres de haine au visage, tu n’enterras pas notre compassion.
Vivement
le challenge 40 jours sans connerie humaine.
L’amour-du-jambon-ne-surpassera-jamais-l’amour-des-cochons-ment
vôtre,
Solaena