jeudi 24 mars 2016

[Réflexion] Comme un rock’n roll bunny triste.




« Bunny Junior entend son père dire « Ca va aller Bunny Boy », et il se sent tout de suite mieux, car chacun sait que ne pas savoir si on ira mieux, c’est souvent ce qu’il y a de pire quand on ne se sent pas bien.[1] »



J + 2

Comme un besoin d’extérioriser sans savoir par où commencer.

Comme une loque clouée dans son canapé par une grippe et une sinusite ; je suis comme hypnotisée par ces affreuses news que je ne veux pourtant plus voir.

Comme une contestataire dans l’âme, je refuse de céder à la peur, à la haine, au racisme, à l’amalgame, à la connerie, à l’instauration d’un état liberticide.

Comme une contradiction, j’ai peur malgré tout. Peur d’avoir peur, de ne plus oser prendre le métro, de devenir parano.

Comme une envie de vomir les propos racistes ainsi que les reproches d’Erdogan, d’Hilary, de certains ministres français et autres clampins en tout genre. Balayez devant vos portes les gars ; vous avez aussi des fragments d’attentats à essuyer !

Comme un grand fou-rire noir-jaune-rouge face à Kim Yong-nam qui envoie un message de soutien. Ferme-la, despote assassin.

Comme un goût amer face aux médias qui entretiennent la peur, harcèlent des témoins choqués pour avoir l’exclusivité de leurs traumatismes, ressassent les mêmes images et cris atroces.

Comme une frustration de ne pas pouvoir faire plus que d’écrire ces quelques lignes, afficher un fuck frite en photo de profil facebook et crier mon indignation quant à ce monde que je ne comprends décidément plus.

Comme un hurlement de rage quand je lis des abrutis qui critiquent ceux/celles qui réagissent aux attentats avec des messages de paix ou avec humour. Oui, ni écrire à la craie devant la Bourse ni la vidéo de « Gui-Home vous détend » arrêteront les terroristes. Mais, toi qui gueule sur facebook et traitent les gens de bisounours, tu comptes faire quoi ? Te la jouer villageois armé d’une fourche à la poursuite de la bête de Frankenstein ?! Laisse les gens encaisser et exprimer leurs ressentis bordel !

Comme un sentiment d’être inutile. Je ne peux pas donner mon sang puisque j’ai la grippe.

Comme une reconnaissance envers les gens qui bossent comme des fourmis depuis trois jours : policiers, pompiers, ambulanciers, médecins, infirmiers, militaires. Et tous ceux que j’ai oublié de citer.


Comme un rock’n roll bunny triste-ment vôtre,

Solaena




[1] Nick Cave, Mort de Bunny Munro, Flammarion, 2010, p. 78, lignes 12-16.

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