--« La chambre
des morts », le livre--
J’attendais beaucoup de ce roman,
détenteur de deux prix et adapté au cinéma. Malheureusement, j’en suis un peu
déçue. Meilleur que « La forêt des ombres » qui ne m’avait pas convaincue ; « La chambre des morts » est selon moi en-dessous du
niveau de « Train d’enfer pour ange rouge », « Deuil de miel », « La mémoire fantôme » ou encore l’excellent « Vertiges ».
L’histoire
partait pourtant plutôt bien : Vigo et Sylvain trouvent une valise pleine
d’argent après avoir accidentellement tué son propriétaire. Un accident qui va
les lier à jamais à un tueur de petites filles, lequel va donner du fil à
retordre à la policière Lucie Hennebelle.
Si
le personnage d’Hennebelle m’avait plu dans «La
mémoire fantôme » (qui est en fait la suite de « La chambre des morts ») ; elle m’a agacée dans ce
roman. Trop geignarde à mon goût (elle passe tellement de temps à se poser des
questions sur son côté obscur que t’as envie de lui répondre « Come to the dark side, we have
cookies! ») ; Thilliez démontre à travers elle toutes ces
connaissances en matière de profilage/criminologie au point que ça en devienne
un peu saoulant. Peut-être est-ce parce que j’ai une formation en
criminologie ; mais il me semble qu’il est beaucoup moins dans la
démonstration dans ces autres romans.
Quant
à la relation Sylvain/Vigo, elle n’a pas vraiment suscité ma curiosité. Il
s’agit d’un duo assez basique dominant/dominé, « vilain/un peu moins
vilain » qui va de plus en plus s’embourber dans les emmerdes.
Le
roman n’est pour autant pas mauvais mais je ne comprends pas pourquoi c’est
celui-là qui a fait connaître Thilliez et qui a fait l’objet d’une adaptation
cinématographique. « La mémoire
fantôme » serait à mon sens bien plus intéressant et original ;
et « Vertiges » pourrait
être l’objet d’un angoissant huit-clos. Néanmoins, la grande curieuse que je
suis n’a pas pu s’empêcher de regarder l’adaptation cinématographique de « La chambre des morts ».
Quant
au tueur/serial killer, le pitch ne l’annonce pas plus que ça mais il est
macabre à souhait. Et … c’est tout ! Sa psychologie n’est pas assez
poussée à mon goût, il y avait matière à développer ses penchants ultra
morbides.
Plutôt
que de laisser Hennebelle spéculer à son sujet avec ses moultes références au
serial killers notoires et théories criminologiques ; il aurait été
préférable de donner davantage la parole au tueur et sa folie.
--« La chambre
des morts », le film--
Déjà
pas très emballée par le livre, je ne m’attendais pas à être conquise par le
film. Je l’ai visionné malgré tout pour me forger un avis. Ce film n’est pas
une mauvaise adaptation ; mais paradoxalement, je le trouve trop succinct
même si le livre m’a paru trop léger (dans le sens où la psychologie des
personnages, surtout celle du tueur, m’a semblée survolée).
Là
où la relation Vigo/Sylvain était assez basique et peu originale dans le
livre ; elle me semble bâclée dans le film. Pareil pour le tueur,
psychologie encore moins développée que dans le bouquin où ça l’est déjà trop
peu à mon goût. Pourtant, la personne qui incarne le rôle le défend plutôt
bien. Quel dommage.
Au
final, le film reprend le défaut du livre : trop centré sur Lucie
Hennebelle, son dark side et ses connaissances poussées en criminologie.
Parlons justement un peu de son dark side : dans le livre, le lecteur n’en
apprendra pas beaucoup à ce propos. Il sera davantage renseigné avec « La mémoire fantôme ». Si « La chambre des morts »
version livre n’apporte pas de réponse sur ce qui est arrivé à Lucie dans le
passé, « La chambre des morts » version film le fait. Sauf qu’il
donne une explication tout à fait différente du livre, et clôture ainsi une
histoire appelée à être développée dans le livre. J’imagine que cela s’explique
par le fait que le réalisateur du film ne comptait pas redonner vie à Lucie
Hennebelle alors que Frank Thilliez compte bien la faire encore morfler.
Le
fait d’avoir donné une autre cause au côté obscur d’Hennebelle dénature, à mon
sens, le personnage. La raison invoquée (de façon rapide et suggérée) dans le
film est trop « bateau » et « facile ». Elle est bien plus
originale, glauque et sujette à des démons intérieurs dans le livre.
Si
Mélanie Laurent fait ce qu’elle peut, elle ne m’a pas convaincue dans le rôle
de Lucie Hennebelle. Mais peut-on lui en vouloir quand elle joue un personnage
tiré d’un livre dont on a modifié l’essence?
Si la Lucie du livre est casse-bonbon à trop se plaindre, celle du film
l’est aussi et aggrave son cas en étant peu convaincante. La Lucie Hennebelle
mère célibataire de jumelles, à côté de ses pompes tout en visant juste côté
lecture de crime crapuleux, torturée par ses démons intérieurs ne convainc pas
au milieu d’un scenario qui résume trop l’histoire du livre.
Bref,
les acteurs s’en sortent plutôt bien mais ne peuvent pas porter à eux seuls un
film reposant sur un scenario plutôt brouillon.
Je
ne recommanderais pas le livre ni le film ; les livres de Thilliez cités
en début d’article étant bien plus captivants. Le film est à mon sens encore
moins digne d’intérêt que le livre (d’autant plus que la fin de l’histoire est
complètement modifiée dans le film) ; à voir uniquement que si vous êtes
un fan inconditionnel de Mélanie Laurent.
En
robe de chambre mortellement vôtre,
Solaena
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