jeudi 30 juillet 2015

[Bouquin] « Opération Arès » de Kyle Mills (d’après Robert Ludlum)


"C'est quand qu'on passe à l'opération T'arrêtes-de-m'emmerder-avec-tes-livres-pour-prendre-des-photos hein???!"



            En Ouganda, ça sent le pâté ensanglanté. Les USA envoient alors une équipe d’agents surentrainés y faire un tour. Lequel sera leur dernier car ils vont tomber sur des villageois dont la force semble décuplée, et vont en faire du kebab de GI. L’unité top secrète Covert-One se mêle alors de l’affaire en envoyant leur microbiologiste John Smith, épaulé par son pote Peter Howell. Craignant que les Ougandais soient victimes d’un parasite ultra dangereux, les deux comparses font appel à l’experte des parasites, Dr Sarie.

            Plus le trio Smith/Howell/Sarie s’avance dans la jungle ougandaise pour lutter contre le virus/parasite, plus il va méchamment morfler. Si vous êtes cardiaque, évitez la lecture de ce roman : il y a des rebondissements toutes les cinq pages. Rebondissements tellement récurrents que ça en devient un peu saoulant et non crédible. James Bond, c’est de la gnognotte à côté de John Smith qui t’avalerait une grenade sans souci digestif. (En plus le guss a le même nom et prénom que le mec à Pocahontas, la grosse blague quoi).
Le problème des rebondissements à répétition c’est aussi que l’auteur finit par manquer d’idée pour sortir son héros d’un énième traquenard. Exemple : lors d’un moment critique où il faut entrer un mot de passe dans un ordinateur quand il s’agit absolument pas de se planter ; coup de chance monumentale : le mot de passe n’avait pas été changé depuis des années… Mais bien sûûûûûr, le grand méchant diabolique prêt à répandre son virus sur la terre aurait oublié de changer un mot de passe ! Mouais : crédibilité pas terrible hein.

            De la lecture d’ « Opération Arrès », on ressent la passion de l’auteur pour les stratagèmes des services secrets ; mais aussi son patriotisme car le roman vante fort the american dream, sa puissance… et surtout, les raisons d’exercer cette puissance. Une perspective dont je ne suis pas particulièrement fan.

            Si « Opération Arrès » n’est pas un roman « à serial killer » mais plutôt policier/d’espionnage/grand complot, le grand méchant est ignoble et détestable à souhait. Dézinguant les gens à tout va, plus motivé par le pouvoir et l’argent que par une tare psychologique (bien qu’il n’ait pas toutes les frites dans le même sachet[1]) ; Caleb Bahame est un leader terroriste bien cruel. Un personnage d’autant plus effrayant car il fait penser au leader de Boko Haram, qui lui est malheureusement bien réel.

            Si ce n’est pas le genre de roman dont je suis le plus férue, j’aime en lire de temps en temps. Celui-ci ne m’a pas convaincue du tout en raison de la surenchère de rebondissements qui décrédibilise totalement l’histoire. Je ne pense pas lire un autre roman de cet auteur, à moins d’un pitch très accrocheur ; et je ne vous conseillerais donc pas « Opération Arès ».

            Opération-rock’n roll-bunny-ment vôtre,


            Solanea



[1] Pour ceux qui ne connaissent pas cette expression belge, cela signifie que môsieur n’est pas tout seul dans sa tête.

jeudi 16 juillet 2015

[Bouquin] La chambre des morts, Frank Thilliez




 
Thilliez m'a tueR
--« La chambre des morts », le livre--
           
J’attendais beaucoup de ce roman, détenteur de deux prix et adapté au cinéma. Malheureusement, j’en suis un peu déçue. Meilleur que « La forêt des ombres » qui ne m’avait pas convaincue ; « La chambre des morts » est selon moi en-dessous du niveau de « Train d’enfer pour ange rouge », « Deuil de miel », « La mémoire fantôme » ou encore l’excellent « Vertiges ».
            L’histoire partait pourtant plutôt bien : Vigo et Sylvain trouvent une valise pleine d’argent après avoir accidentellement tué son propriétaire. Un accident qui va les lier à jamais à un tueur de petites filles, lequel va donner du fil à retordre à la policière Lucie Hennebelle.

            Si le personnage d’Hennebelle m’avait plu dans «La mémoire fantôme » (qui est en fait la suite de « La chambre des morts ») ; elle m’a agacée dans ce roman. Trop geignarde à mon goût (elle passe tellement de temps à se poser des questions sur son côté obscur que t’as envie de lui répondre « Come to the dark side, we have cookies! ») ; Thilliez démontre à travers elle toutes ces connaissances en matière de profilage/criminologie au point que ça en devienne un peu saoulant. Peut-être est-ce parce que j’ai une formation en criminologie ; mais il me semble qu’il est beaucoup moins dans la démonstration dans ces autres romans.

            Quant à la relation Sylvain/Vigo, elle n’a pas vraiment suscité ma curiosité. Il s’agit d’un duo assez basique dominant/dominé, « vilain/un peu moins vilain » qui va de plus en plus s’embourber dans les emmerdes.
            Le roman n’est pour autant pas mauvais mais je ne comprends pas pourquoi c’est celui-là qui a fait connaître Thilliez et qui a fait l’objet d’une adaptation cinématographique. « La mémoire fantôme » serait à mon sens bien plus intéressant et original ; et « Vertiges » pourrait être l’objet d’un angoissant huit-clos. Néanmoins, la grande curieuse que je suis n’a pas pu s’empêcher de regarder l’adaptation cinématographique de « La chambre des morts ».

            Quant au tueur/serial killer, le pitch ne l’annonce pas plus que ça mais il est macabre à souhait. Et … c’est tout ! Sa psychologie n’est pas assez poussée à mon goût, il y avait matière à développer ses penchants ultra morbides.
            Plutôt que de laisser Hennebelle spéculer à son sujet avec ses moultes références au serial killers notoires et théories criminologiques ; il aurait été préférable de donner davantage la parole au tueur et sa folie.

--« La chambre des morts », le film--

            Déjà pas très emballée par le livre, je ne m’attendais pas à être conquise par le film. Je l’ai visionné malgré tout pour me forger un avis. Ce film n’est pas une mauvaise adaptation ; mais paradoxalement, je le trouve trop succinct même si le livre m’a paru trop léger (dans le sens où la psychologie des personnages, surtout celle du tueur, m’a semblée survolée).
            Là où la relation Vigo/Sylvain était assez basique et peu originale dans le livre ; elle me semble bâclée dans le film. Pareil pour le tueur, psychologie encore moins développée que dans le bouquin où ça l’est déjà trop peu à mon goût. Pourtant, la personne qui incarne le rôle le défend plutôt bien. Quel dommage.

            Au final, le film reprend le défaut du livre : trop centré sur Lucie Hennebelle, son dark side et ses connaissances poussées en criminologie. Parlons justement un peu de son dark side : dans le livre, le lecteur n’en apprendra pas beaucoup à ce propos. Il sera davantage renseigné avec « La mémoire fantôme ». Si « La chambre des morts » version livre n’apporte pas de réponse sur ce qui est arrivé à Lucie dans le passé, « La chambre des morts » version film le fait. Sauf qu’il donne une explication tout à fait différente du livre, et clôture ainsi une histoire appelée à être développée dans le livre. J’imagine que cela s’explique par le fait que le réalisateur du film ne comptait pas redonner vie à Lucie Hennebelle alors que Frank Thilliez compte bien la faire encore morfler.
            Le fait d’avoir donné une autre cause au côté obscur d’Hennebelle dénature, à mon sens, le personnage. La raison invoquée (de façon rapide et suggérée) dans le film est trop « bateau » et « facile ». Elle est bien plus originale, glauque et sujette à des démons intérieurs dans le livre.

            Si Mélanie Laurent fait ce qu’elle peut, elle ne m’a pas convaincue dans le rôle de Lucie Hennebelle. Mais peut-on lui en vouloir quand elle joue un personnage tiré d’un livre dont on a modifié l’essence?  Si la Lucie du livre est casse-bonbon à trop se plaindre, celle du film l’est aussi et aggrave son cas en étant peu convaincante. La Lucie Hennebelle mère célibataire de jumelles, à côté de ses pompes tout en visant juste côté lecture de crime crapuleux, torturée par ses démons intérieurs ne convainc pas au milieu d’un scenario qui résume trop l’histoire du livre.

            Bref, les acteurs s’en sortent plutôt bien mais ne peuvent pas porter à eux seuls un film reposant sur un scenario plutôt brouillon.
            Je ne recommanderais pas le livre ni le film ; les livres de Thilliez cités en début d’article étant bien plus captivants. Le film est à mon sens encore moins digne d’intérêt que le livre (d’autant plus que la fin de l’histoire est complètement modifiée dans le film) ; à voir uniquement que si vous êtes un fan inconditionnel de Mélanie Laurent.

            En robe de chambre mortellement vôtre,


            Solaena