vendredi 28 novembre 2014

[Bouquin] « Le fabuleux destin d’une vache qui ne voulait pas finir en steak haché » de David Safier





"Moi j'aime pô les histoires de steak haché!"
            Lolle passe décidément une mauvaise journée. Elle découvre que son homme la trompe avec cette peste de Susi, sa pire ennemie. Lolle se fait ensuite menacée par un affreux chien en défendant le chat qu’il voulait réduire en charpie. Et apprend finalement que le fermier va la vendre le lendemain, elle et son troupeau, à l’abattoir. Car oui, Lolle est une vache. Et par-dessus le marché, elle réalise que les humains mangent les vaches.
            Dans cette sombre journée, il y a encore une lueur d’espoir pour Lolle. Celle d’aller vivre dans le seul pays où les humains ne se repaissent pas de chair de vaches : l’Inde. S’entame alors un périple aussi loufoque qu’hilarant.

            « Le fabuleux destin d’une vache qui ne voulait pas finir en steak haché » est le deuxième roman que je lis de David Safier. Si j’avais apprécié « Maudit Karma », j’avais néanmoins été déçue par la fin de l’histoire (probablement la chose qui me frustre le plus quand je lis un livre). « Le fabuleux destin … » m’a davantage séduite ; c’est un livre OVNI. Attention, il ne faut pas l’envisager comme une histoire crédible de A à Z ; mais plutôt comme un conte. Un conte qui nous parle de courage, de dépassement de soi, d’amitié et de respect de l’autre et de la différence.
            Lolle et ses amis deviennent très vite attachants. Mon coup de cœur allant à Giacomo, un chat parlant avec un accent italien ; qui m’a fait rire tout au long de l’histoire. Exemple : 
« Pendant que P’tit Radis accomplissait son œuvre, le matou lançait d’étranges jurons :
-Stronzo, cretino, Berlusconi… »[1]

            À travers cette fable rigolote, Safier aborde des sujets sérieux tels que l’homosexualité, la difficulté de trouver sa place dans la vie, et bien sûr la triste réalité de l’abattoir. Je ne sais pas si l’auteur est sensible au sujet des animaux ; mais vu les questionnements de Lolle, il s’interroge sur le fait que certains humains mangent les animaux. Petit extrait choisi pour illustrer cette interrogation, une conversation entre Giacomo et Lolle :

« -La ploupart des houmains ils né touent pas les vaches eux-mêmes. Ils né voient jamais ouné vache morte. Ils né mangent que dé morceaux qu’on né les réconnaît pas, et commé ça ils né pensent pas qué d’abord c’était oune être vivant.

Un tel comportement me paraissait non seulement absurde, mais pervers.

-Yé crois qué la ploupart né vous mangeraient pas s’ils pouvaient voir comment on vous toue.

Cela rendait-il meilleur le comportement des humains ? Pas vraiment ! Et il était inconcevable qu’ils apprennent à leurs petits à manger d’autres êtres vivants. Quand j’aurais un veau, je lui apprendrai à respecter toutes les créatures. Sauf Susi. »[2]

            Ce livre plaira autant aux végé qu’aux omnivores, et il est une très belle façon d’inviter à la réflexion sur la consommation de viande. Une manière de faire réfléchir le lecteur : pourrez-vous continuer à manger des vaches après avoir lu les aventures de Lolle, Susi, Hilde, P’tit Radis et Champion ?

            Je ne peux que vous conseiller vivement la lecture de ce roman. Et avec les fêtes de fin d’année qui approchent, je vous invite à l’offrir aux amateurs d’histoires décalées.[3]
            Parfois touchant, « Le fabuleux destin… » a réussi l’exploit de me donner les larmes aux yeux. Pratique quand on lit dans le train ^^ Et ce alors que seulement deux romans sont jusqu’à présent parvenus à le faire : « Lady Pirate » de Mireille Calmel et « L’esprit des vaches » d’Anna Evans. Décidément, les histoires de vaches, ça  m’émeuhhhhh.

            Bref, partez à l’aventure et dansez la Vaca Cabana avec Lolle et ses amis ! Puisse Lolle vous convaincre que les vaches méritent de vivre et non de finir dans votre estomac.

            Je-ne-veux-pas-finir-en-steack-haché-ment vôtre,

            Solaena

           



[1] David Safier, Le fabuleux destin d’une vache qui ne voulait pas finir en steak haché, Presses de la cité, 2014,  p. 35, l. 11 à 13
[2] Ibidem, p. 104, l. 9 à 20
[3] D’autant plus que David Safier a créé la fondation Gutes Karma avec l’argent gagné grâce à ses romans,  fondation venant en aide aux enfants défavorisés.

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