mardi 28 janvier 2014

[Bouquin] « Le lièvre de Vatanen » de Arto Paasilinna.



           
Merci à Dahlia qui en a profité pour customiser le livre à l'aide de ses quenottes -_-
Je présume que, vu le titre, vous vous doutez sans doute de la raison pour laquelle j’ai lu ce livre. ^^ De plus, la quatrième couverture annonce un « roman d’humour écologique » ; cela ne pouvait que me plaire. Manque de bol, je n’ai pas aimé ce roman.

            Vatanen, c’est le prénom du personnage central du roman. Au tout début du récit, sa voiture percute un bébé lièvre. Vatanen va alors à sa rencontre et prend sous son aile, le levreau blessé. Cet évènement marque un chamboulement total dans la vie de Vatanen : il envoie paître épouse et boulot pour mener une vie de vagabond avec son compagnon à grandes oreilles. Jusque là, l’histoire me plaisait.

            Par la suite, l’histoire de Vatanen part dans tous les sens : il rencontre des tas de gens, sera pêcheur/ « pompier » contre un feu de forêt/ermite dans une cabane/etc. Il arrive des tas de choses à Vatanen mais son histoire de m’a pas captivée. La seule chose qui me poussait à lire, c’était mon envie de savoir ce qui allait arriver au lièvre (évidemment).
            Pire, les péripéties de Vatanen ont commencé à me déranger : plus son périple avance, plus il se montre franchement con. Pas sûr que ce roman pourrait donner envie à quelqu’un d’envoyer la société de consommation chier pour mener une vie plus en harmonie avec la nature. D’ailleurs, autant Vatanen chérit son lièvre, autant il m’a débecquetée de cruauté quand il tue un corbeau de manière horriblement cruelle. Pas pour le manger/survivre, mais parce qu’il le considère comme dérangeant. Vatanen aggrave ensuite son cas en poursuivant un ours pour l’abattre, à nouveau sans raison valable (pour peu qu’il puisse en exister une, surtout que j’aime beaucoup les ‘nurs).

            Au final, je ne sais pas où j’étais sensée voir de l’humour écolo dans ce bouquin. De l’humour, je n’en ai franchement pas vu une once. Quant à l’écologie, oui pour le côté « fuck la société, je renoue avec la nature » ; pour le reste, je ne pense pas que ce roman présente une véritable pensée écolo. C’est plutôt l’histoire d’un gars en ayant ras le bol de la superficialité de sa vie et qui décide d’aller là où le vent le mène sans contrainte.
            L’idée était bonne mais à mon goût, mal travaillée. Vatanen devient vite un alcoolo à la limite du pathétique. Et le fait qu’il tue des animaux de façon aussi cruelle qu’injustifiée m’a achevée.
            La seule chose qui m’a plue, c’est d’imaginer les moustaches frétillantes de ce lièvre accompagnant chaque pas de Vatanen. (Que voulez vous, je suis faible devant un lagomorphe). Je ne vous conseillerais donc pas la lecture de ce roman malgré qu’il soit considéré comme culte dans les pays nordiques.


            Solaena

vendredi 24 janvier 2014

[Bouquin] « Quand les éléphants pleurent. La vie émotionnelle des animaux. » J. M. Masson et S. McCarthy.



              J’ai une histoire particulière avec ce livre. Il est longtemps resté sur une liste d’idées cadeaux que j’avais donnée à ma mère, car elle a eu beaucoup de difficultés à le trouver. Quand enfin il se cachait sous du papier cadeau, je l’ai vite entamé… pour ne plus pouvoir mettre la main dessus quelques jours plus tard ! Ce n’est que plus d’un an plus tard que je l’ai retrouvé. Le coquin se cachait au fin fond de mon casier au boulot. Ca m’apprendra à être bordélique.
            C’est donc avec joie que j’ai recommencé ma lecture. Et dès les premières pages, j’ai su que le fait d’avoir involontairement attendu de lire cet ouvrage, allait me permettre de l’apprécier plus en profondeur. Car pendant que ce livre se cachait dans mon casier, j’ai découvert la communication intuitive dans le cadre de stages avec Anna Evans. Et quand on pratique la communication intuitive, on sait ô combien la vie émotionnelle des animaux est intense. Dès la treizième page, l’auteur dit « Ce qui m’a fasciné, chez les animaux, c’est qu’ils paraissent avoir directement accès à leur émotion […] Ils manifestent en permanence ce qu’ils éprouvent »[1]. Cela rejoint l’un des principes de base de la communication intuitive : les animaux vivent ne mode alpha quand nous vivons en mode beta. Les animaux vivent pleinement leur être, ce qu’ils sont ; quand les humaines tentent de se cacher derrière des masques, de refouler leurs émotions ou d’être ce qu’ils ne sont pas.


            Le but de ce livre est de « combler le fossé entre ce que sait la personne qui a toujours observé les animaux sans a priori et l’esprit scientifique qui se refuse à s’aventurer sur un terrain aussi émotionnel »[2]. En clair, l’auteur veut parler des émotions des animaux, démontrer qu’elles existent sans être taxé d’anthropomorphisme (l’insulte/argument fétiche de ceux qui ont tout intérêt à faire passer les animaux pour des robots sans émotion).
            En fait, ce livre ne devrait même pas exister. Il est aberrant de clamer que les émotions n’existent pas chez l’animal. On ne devrait pas devoir écrire 322 pages pour prouver que les animaux ont un cœur, une âme, une personnalité propre. Mais nous vivons dans un monde de dégénérés, en perdition. Nous vivons dans un monde où les humains font subir des choses atroces aux animaux pour les bouffer, se divertir, se vêtit et j’en passe. Alors, si on reconnaissait que les animaux ont des émotions, nous reconnaitrions nos pratiques barbares.
            Tout au long du livre, l’auteur nous parle des émotions « principales » (la joie, la colère, etc.), en illustrant celles-ci par des témoignages et des expériences. D’ailleurs le livre est très fourni en notes explicatives, et la bibliographie compte 15 pages ! Une chose est sûre, l’auteur s’est beaucoup documenté.
           
            Parlons un peu des expériences citées dans ce livre… La plupart sont d’une cruauté à faire frémir. Là où l’homme essaie d’en savoir plus sur les émotions/comportements humaines, il dénigre totalement ceux de l’animal. Ce livre fournit de bons exemples pour étoffer une argumentation contre la vivisection. Exemple : l’auteur parle des expériences de Harlow[3]. Une expérience que je connaissais déjà car j’ai dû l’étudier à l’école pour un cours de sciences sociales. Elle avait même été l’objet de mon examen oral. Dans cette expérience, Harlow a démontré que des bébés singes préféraient se blottir contre des mannequins moelleux plutôt que ceux en fer qui eux donnaient du lait. Sérieusement, fallait-il vraiment faire subir cela à ces petits singes ? Était-il nécessaire de les arracher à leurs mères, tout ça pour se rendre compte qu’ils sont tellement malheureux qu’ils vont se coller à un substitut moelleux plutôt qu’à celui qui donne du lait mais inconfortable ? Quelle a été l’utilité de cette expérience ? Quedalle. Et pourtant elle est considérée comme une référence, et j’ai étudié cette horreur à l’école.

            Autre expérience citée : Ritcher et ses recherches sur le sentiment d’impuissance, qui dit : « chez un rat vivant en liberté, le fait d’être placé dans la main d’un prédateur tel que l’homme, de se faire couper les moustaches et d’être plongé dans un bac d’eau chaude dont il lui est impossible de s’échapper, produit un sentiment d’impuissance ».[4] Hum. Naaaaaaaaaan, je ne te crois pas Ritcher ! -_- Bien sûr qu’un animal va vivre un sentiment d’impuissance si on le torture sans qu’il puisse se défendre ! Avait-on besoin de faire subir ça à un rat pour le savoir ? NON.
            Certains diront que toutes les expériences sur les animaux ne sont pas aussi débiles, et ils auront peut-être raison ; néanmoins je les estime toutes aussi inutiles. Ce qui est « formidable », c’est que les humains utilisent des animaux pour étudier les émotions humaines tout en en affirmant que les animaux n’ont pas d’émotion (et que donc on peut les torturer pour les besoins de la science). Pourquoi étudier les émotions sur eux alors, s’ils sont incapables d’en éprouver ? On en revient à l’une des plus belles contradictions de la vivisection : les tests sur les animaux sont légitimes parce qu’ils sont très proches des humains mais ce n’est pas cruel car les animaux ne sont pas des humains. Faut se décider hein les gars.

            Autre expérience[5] encore, celle qui m’a le plus marquée : un certain J.T. Moggridge qui a plongé, vivante, une araignée dans de l’alcool. Quelques minutes plus tard, il plongea les petits de cette araignée dans le même bocal. Moggridge vit alors cette araignée qu’il croyait morte, bouger ses pattes et rassembler ses petits sous elle avant de mourir. Moggridge en aurait été horrifié, mais ça ne l’a pas empêché de récidiver avec du chloroforme par la suite.
            Alors oui, une araignée n’est peut-être pas l’animal le plus attendrissant qui soit. J’avoue être moi-même mal à l’aise avec ce genre d’animal. Mais jamais je n’infligerai pareil sévice à une araignée. Qui voudrait mourir noyé et voir ses enfants suivre dans la noyade ? Aucun humain. Aucune araignée. Et pourtant, cette expérience de Mooggridge interpellera probablement très peu de gens. Et le fait que je sois touchée par cette expérience m’attirera probablement des railleries. Malgré tout, je ne peux m’empêcher d’imaginer la souffrance qu’a vécue cette araignée ? Une souffrance inutile, stupide et cruelle.
« On ne devrait pas exiger plus de preuves de l’émotion chez un animal que chez un humain »[6]. On ne devrait pas infliger ça une araignée parce qu’elle n’a pas la capacité d’hurler dans son bocal. Je m’insurge pour cette petite bête parce que je pratique la communication intuitive. Une pratique qui me permet de mettre des mots, des ressentis, des émotions sur ce que l’animal ne peut pas dire oralement. Les humains ont l’avantage de pouvoir s’exprimer par la parole. Les animaux ne parlant pas, l’humain se permet d’en déduire qu’il lui est inférieur. Pourtant, personne n’aurait la connerie de dire que les muets n’ont pas de sentiments, qu’on a le droit de les torturer ou qu’ils sont inférieurs.
Avec la communication intuitive, on sait que les animaux peuvent parler. Mais de manière différente à la nôtre. Et, chose très importante et soulignée dans le bouquin : « dans la mesure où le langage introduit une distance avec les sentiments, il ne serait pas impossible que certains animaux vivent beaucoup plus complètement que nous dans le monde des émotions, un monde dont nous nous sentons parfois détachés ». [7] De part ma petite expérience en communication intuitive, je suis tout à fait d’accord avec ces propos de l’auteur. D’ailleurs, le livre ayant été rédigé en 1995, j’imagine que l’auteur a entendu parler de communication animale depuis et je serais curieuse de connaître son avis sur le sujet.

Une chose que j’ai apprise dans ce livre et qu’il m’a fait halluciner, c’est que les défenseurs de l’esclavagisme prétendaient que les noirs n’ont pas la faculté de rougir. Et donc, les noirs ne connaissant pas la honte, cela fait d’eux des êtres pas totalement humains[8]… Quand on pense que ce genre d’horreur date d’il y a pas longtemps, c’est effrayant. Le respect des humains entre eux est loin d’être gagné.

Je pourrais vous donner des centaines d’exemples d’émotions chez l’animal, de part mon observation de mes animaux et des communications intuitives que j’ai réalisées. Mais je suis certaine que 90% des gens ont déjà pu s’en rendre compte eux-mêmes. Nous sommes de plus en plus nombreux à soigner nos animaux : coussins moelleurx, nourriture de qualité, etc.  Et pourtant, parmi tous ces gens, il y en a des tas qui mangent les animaux, financent leur enfermement dans des zoos/cirques/delphinariums, les portent sur leur dos, etc. Est-ce que ça vous viendrait à l’esprit de laisser votre chien ou votre chat vivre dans sa merde, l’engraisser, l’envoyer à l’abattoir pour ensuite le mettre au four ? C’est ce qui est fait aux cochons, vaches, lapins, moutons, poulets, etc. Est-ce que vous enfermeriez Médor ou Félix dans une cage et ne lui donneriez à manger que s’il acceptait de faire des numéros de clowns ? C’est ce qu’il se passe dans les delphinariums.
Si le statut des animaux domestiques évolue doucement, celui des non-domestiques en est bien loin. Pourtant, l’existence de leurs émotions est flagrante ; et ce livre regorge d’anecdotes.
            « Chaque être vivant devrait avoir le droit inaliénable de ne pas subir notre exploitation et nos mauvais traitements. Les animaux ne sont pas là pour que nous ouvrions, déchirions, disséquions leur chair, pour que nous fassions  d’eux des créatures sans défense et soumises à des expériences atrocement douloureuses »[9]. Néanmoins, l’Homme leur fait subir toutes ces horreurs. Alors pour se voiler la face et justifier sa cruauté, il prétend que les animaux n’ont pas d’émotion.
           
« Celui qui, entendant chanter un oiseau, déclare : "Pour moi, il n’y a aucune joie dans ce chant" n’a rien prouvé sur les oiseaux. Mais il a beaucoup révélé sur lui-même. »[10] À vous de voir ce que vous voulez révéler sur vous-même : l’horreur ou la compassion. Si vous faites le choix de la compassion, il est temps de devenir vegan ;)
Si le sujet de l’émotion chez l’animal vous intéresse, je vous recommande ce livre.



            Solaena



[1]  Jeffrey Moussaieff Masson et Susan McCarthy, Quand les éléphants pleurent. La vie émotionnelle des animaux, Albin Michel, 1997, p. 13, lignes 13 -15.
[2] Ibidem, p. 21, l. 23 à 26.
[3] Ibidem, p. 149.
[4] Ibidem, p. 150, l. 24 à 28
[5] Ibidem, p. 106.
[6] Ibidem, p. 50, l. 17 et 18.
[7] Ibidem, p. 303, l. 1 à 5.
[8] Ibidem, p. 254.
[9] Ibidem, p. 321, l. 27-32.
[10]Ibidem, p. 289, l. 7-9.