« Mais enfin, tu ne vas tout de
même pas pousser le vice jusqu’à devenir vegan ?! Ce serait
extrémiste ! »
Voilà ce que j’entends
régulièrement, parmi tant d’autres préjugés sur le végétarisme et le veganisme.
Si certains peuvent comprendre que je sois devenue végétarienne, beaucoup ont
du mal à comprendre ce qui peut pousser à devenir vegan. Petite explication,
donc.
Tout d’abord, il faut noter que
nombreux sont ceux et celles qui ne connaissent pas la notion de veganisme. En
bref, être vegan, c’est refuser de consommer toute exploitation animale que ce
soit. Un vegan est donc végétalien, ne porte ni fourrure-laine-cuir, ne se rend
pas dans les cirques-zoos-delphinarium, n’achète pas de produits testés sur les
animaux, etc. Voilà pour ma petite définition personnelle.
Il
y a 7 ans, j’ai fait un choix important dans ma vie. J’ai regardé la viande
dans mon assiette, et je me suis demandée pourquoi je mangeais ça alors que je
n’avais ni l’attrait pour la viande, ni le besoin d’en manger pour ma santé. Alors
j’ai décidé de bannir la mort de mon assiette et je suis devenue végétarienne.
Enfin, j’ai commencé assez lentement car durant un an, j’ai continué à
consommer un peu de poulet et de poisson. Je ne voulais pas m’imposer un changement
trop brutal ; et je savais qu’un jour, le déclic viendrait. Et ce déclic
s’est déclenché quand je faisais mes courses. J’ai vu un homard se débattre
pendant qu’on le pesait. La culpabilité m’a envahie car la veille, j’avais
mangé du homard. Je suis restée focalisée sur ce homard un bon moment, pleine
de honte, et je me suis promise de ne
plus jamais manger d’animaux. Chose faite.
Devenir
végétarienne est l’une des rares choses dont je m’estime pouvoir dire « je
suis fière ». J’ai toujours eu une connexion avec les animaux ; ne
plus les manger était une étape logique dans ma vie. Je pensais alors respecter les animaux, les
aimer «pour de vrai ». Quand j’entendais parler de végétalisme, je pensais
qu’il s’agit d’une philosophie de vie où par principe, on ne consommait aucun
produit animal. Je n’y voyais pas une raison valable, je pensais qu’il n’y
avait pas de mal à consommer du lait ou des œufs car les animaux ne sont pas
tués pour leurs productions. Erreur et naïveté de ma part.
Il
y a un peu moins de 4 ans, je suis allée adopter un petit bonhomme à grandes
oreilles, condamné à l’euthanasie pour faire de la place en refuge. Je l’ai
baptisé Schwartzy, et il m’a appris beaucoup de choses. Pour gagner sa
confiance, j’ai passé des heures allongée par terre à attendre qu’il vienne
prendre à manger dans ma main. En cherchant à apprendre comment soigner
correctement mon lapin, j’ai rejoint l’association « Marguerite et
Cie ». Ce qui m’a amenée par la
suite à devenir bénévole en refuge ainsi qu’à faire un stage avec Anna
Evans.
Un
stage avec Anna Evans, cela vous apprend que les animaux communiquent bien plus
de choses que le pense l’humain. L’animal a une âme, des émotions, une
sensibilité. Je ne pouvais plus ignorer la nécessité de devenir vegan. Et plus
je me suis renseignée sur le veganisme, plus j’ai compris combien j’avais été
sotte de croire qu’être végétarien est suffisant. J’ai arrêté de porter du cuir
(la laine n’étant pas un problème car je n’aime pas ça, ça me démange), j’ai
arrêté d’aller dans les parcs zoologiques, j’ai commencé à participer aux
actions de défense des animaux et je me suis employée à réduite fortement ma
consommation de produits testés sur les animaux. Le plus dur étant alors de
changer mon alimentation. Je n’ai jamais aimé le lait de vache, j’ai toujours
été écœurée rien qu’à son odeur. Par
contre je suis une grande gourmande ; j’adore le fromage et des tas de
produits laitiers. Devenir végétalienne est beaucoup plus difficile pour moi
que de devenir végétarienne. Tant par ma goulaferie que par la réaction des
gens qui m’entourent. Pourtant la souffrance des vaches laitières est énorme,
tant que celle des poules pondeuses. Nous sommes nombreux à mettre du temps à
comprendre une chose pourtant évidente : les vaches laitières souffrent
autant que les animaux d’abattoir, et elles vivent leur souffrance sur une plus
longue période. La vie d’une vache laitière, c’est d’être inséminée
artificiellement pour mettre au monde des veaux qu’elles n’auront pas la joie
de pouponner. Leurs veaux leur sont arrachés à peine nés, ils partiront à
l’abattoir pendant que le lait qui leur était destiné sera mis en bouteille
pour les humains. Et après ? Hé bien, on recommence : on fout la
vache en cloque, on lui prend son petit pour le bouffer et on lui extrait son
lait pour se faire de l’argent. Et puis un jour la vache crève d’épuisement, on
en fait un steak. Au revoir et merci la vache.
L’humain
est le seul animal à boire du lait d’un autre animal. Cela fait sourire des tas
de gens quand je dis ça mais : nous sommes faits pour boire le lait de
notre mère, point barre ! Il n’est pas naturel pour l’humain de boire du
lait d’un autre animal ; et le fait qu’il ait des tas de gens allergique
au lactose le prouve.
Voilà
donc pourquoi je m’emploie à consommer des laits végétaux. Car je ne veux plus
être complice de la souffrance des vaches laitières, sans oublier les brebis,
chèvres et juments. Je ne veux pas continuer à être égoïste, participer à toute
cette souffrance uniquement pour repaître ma gourmandise. Comme je ne veux plus participer à la
souffrance des poules pondeuses. Je ne consommerai plus d’œufs jusqu’à ce que
j’aie la chance d’avoir un jardin suffisamment grand pour y accueillir des
poules que j’aurai sauvées. D’ici là, je refuse de participer au malheur des
poules pondeuses. Même de poules élevées en pleine air, car l’industrie des
œufs broient vivant les poussins mâles qui ne leur rapportent pas de fric.
Alors,
suis-je devenue extrémiste ? Non,
j’ai simplement ouvert les yeux. Et j’ai décidé que quand je dirais
« j’aime les animaux », ce sera dit avec fondement. La viande ne me
manque absolument pas, elle me dégoûte. J’y vois sa réalité : un morceau
de cadavre et toute la souffrance qu’il y a derrière. Aujourd’hui, je ne peux pas vous dire que je
suis une parfaite vegan, je me définis comme une végétarienne qui fait beaucoup
d’efforts vegan. Je n’achète plus de fromage mais il m’arrive encore d’en
consommer à l’extérieur. J’essaie de plus en plus de recettes 100% végétales.
Et je dois avouer que je me sens beaucoup mieux quand je mange vegan, dans mon
corps et dans mon esprit.
Chaque
jour, je découvre de nouvelles horreurs faites aux hommes et aux animaux. Les
delphinariums, les cirques, la corrida, le lancé de caille, le massacre à Taïji,
l’expérimentation animale, etc. Hier encore, en regardant l’émission « On
n’est pas des pigeons », j’ai chialé de rage. Ils parlaient de la
consommation du thon et ont diffusé des images de thons en train de se faire
vider de leur sang, découpés vivants. Et les chroniqueurs ont fait quoi après
ces images ? Ils ont bouffé du thon. Je ne comprends pas. Est-ce si
difficile de comprendre et d’imaginer la souffrance de ces poissons ? Oui
ce ne sont « que » des poissons, moins attendrissants qu’un bébé
chien, mais pourquoi diable les gens ne voient-ils pas la violence de ces
images quand moi j’ai envie de vomir ?
Alors
voilà pourquoi je deviens vegan : parce que je vois ce que beaucoup
refusent de voir. Parce que je ne veux pas que d’autres souffrent pour moi.
Parce que je ne veux pas que ma vie justifie la mort d’autres. Parce que je ne
veux plus consommer du lait d’une maman à laquelle on a arraché son petit pour
l’envoyer se faire charcuter. Parce que depuis que je pratique la communication
intuitive d’Anna Evans, je n’ai plus aucune excuse. Les animaux s’interrogent
sur le fait de finir en pâté, sachez-le. Parce que j’aime les animaux. Et quand on
aime, on ne tue pas, on ne fait pas souffrir. Parce qu’être vegan c’est
protéger sa santé. Que l’on arrête de me casser les pieds avec les histoires de
carence : j’ai fait une prise de sang le mois dernier, laquelle a indiqué que
je n’ai aucune carence.
Alors
qui est extrémiste ? Le vegan ? Ou la personne qui consomme de la
souffrance ? Souvent, quand je dis que suis végé, les gens se
sentent attaqués. Quand je dis « je ne mange pas de viande », les
gens entendent « je vous reproche de manger de la viande ». Je subis
régulièrement des moqueries et les préjugés typiques des omnivores. C’est eux
qui sont alors extrêmes, pas moi. Je ne gueule pas sur les gens quand il mange
de la viande devant moi. Je m’ouvre au dialogue avec ceux qui me respectent et
désirent en apprendre sur le sujet, sur les justificatifs qui poussent à
devenir vegan. Je respecte l’omnivore qui me respecte, les autres je les
emmerde autant qu’il m’emmerde. Je n’ai pas à rougir de m’employer à être
vegan, je n’ai pas à avoir honte d’ôter la souffrance d’autres êtres de mon
mode de vie.
Si
vous avez envie de discuter dans le respect, je vous accueille avec plaisir. Si
cet article vous donne envie de ricaner, passez votre chemin et continuez donc
à vivre dans la souffrance et l’ignorance. Nous sommes ce que nous
mangeons ; j’ai décidé que je ne voulais plus être un amas de cadavres et
de douleurs.
Solaena.
N.B. : pour en savoir plus sur le sujet,
je vous invite à lire :
-« Rencontre avec le monde animal »
et « L’esprit des vaches » d’Anna Evans.
-« Faut-il manger les animaux » de
Jonathan Safran Foer.
-Gary Yourofsky dont plusieurs vidéos sont
disponibles sur Youtube et ont invité beaucoup de gens à réfléchir sur le
veganisme.