samedi 17 novembre 2012

[FILM OVNI] « Peacock »




En voilà un film étrange, voire qui dérange. Le pitch : tous les matins, Emma prépare minutieusement le petit déjeuner de son mari John. John est un employé modèle à la banque du village « Peacock », c’est un citoyen discret et sans histoire. Mais dans le couple Emma-John, il y a un « léger » problème : John et Emma sont une seule et même personne. Emma est une invention de John, une double personnalité qu’il a créée pour survivre à un traumatisme. Mais le jour où Emma se retrouve exposée aux habitants du village (qui ne l’avaient évidemment jamais vue) suite à un accident de train, John est alors confronté à un personnage qu’il ne contrôle plus.

Pour jouer le rôle d’Emma/John, il fallait un acteur au look androgyne ; et surtout capable d’assumer un tel challenge ! Le réalisateur a tapé dans le mille en choisissant Cillian Murphy. Physique atypique, regard inquiétant, Cillian parvient à convaincre. Si le maquillage a évidemment aidé Cillian à être crédible dans le rôle d’une femme (car les habitants de Peacock ne se rendent pas compte qu’Emma n’est autre que John travesti) ; je pense que son talent y est aussi pour beaucoup. Les bonus expliquent qu’il a par exemple travaillé le maintien de son cou afin que sa pomme d’Adam ne soit pas visible.
Emma et John sont deux personnages totalement distincts, tant physiquement que du point de vue du caractère. John est cerné, névrosé, timide maladif. Emma est assez jolie ( ! ), pleine d’empathie et de volonté d’aider. Mais Emma et John ne pourront pas vivre dans un même corps ad vitam eternam, et donc l’un devra céder sa place à l’autre. Et avant que le spectateur ne se doute de qui l’emportera les ¾ du film auront déjà été visionnés. 


Car « Peacock » est l’un des rares films où l’on ne devine pas l’intrigue, le spectateur le visionne sans savoir comment cela va se terminer. D’ailleurs la fin du film m’a laissée assez perplexe. Mais après réflexion, elle me semble cohérente.
 Aux côtés de Cillian Murphy, l’on retrouve Ellen Page et Susan Sarandon. Toutes deux talentueuses, mais la prestation de Cillian l’emporte sur tout le reste. Une prestation qui est d’ailleurs, selon moi, le plus grand intérêt de ce film.

« Peacock » est un film à voir car il ne laisse pas indifférent. Le sujet de la double personnalité est traité de manière intelligente et originale.  Il y a une scène que je trouve particulièrement intéressante, c’est celle où Emma se fait passer pour John. Si Cillian Murphy a, lors de cette scène, les traits de John, il réussit le pari difficile de faire comprendre subtilement qu’il s’agit en fait d’Emma. Jouer un personnage se cachant sous les traits d’un autre n’est pas donné à n’importe quel acteur. « Peacock » est un film que je vous invite à voir, car que vous l’aimiez ou non, force sera pour vous de reconnaître que Cillian Murphy est un acteur talentueux. « Peacock » parle d’un sujet difficile sans tomber dans le pathos ou l’exagération, et quand on a étudié la criminologie, ça fait d’autant plus plaisir. Un film qui invite à la réflexion et dont le scenario n’est pas deviné par le spectateur : courrez donc le voir ! 

PS 1: les magnifiques yeux bleus de Cillian Murphy ont été cachés par des lentilles brunes dans le film ; le réalisateur pensant ces yeux perçants trop puissants par rapport aux caractères lisses des personnages John et Emma. Une idée assez judicieuse, voici que cela aurait donné si Cillian n'avait pas porté de lentilles:



PS 2: Il serait super intéressant de faire une analyse psy de la dualité Emma/John, mais je ne le fais pas ici car ce serait spoiler. Si je suis motivée, j'en ferais une ^^
 

mercredi 14 novembre 2012

[FILM] « Frankenweenie », Tim Burton





Il m’est impossible d’être objective quant à Burton. J’affectionne son art, sa bizarrerie, ses blessures. Pourtant je reconnais détester le personnage de Pee-Wee et avoir été déçue par « Dark Shadows ». Mais le goût amer laissé par ce dernier s’est évaporé lors de mon visonnage de « Frankenweenie ».

L’histoire : Victor est un enfant replié sur lui-même. Passionné de cinéma, il passe son temps libre entre réalisations de courts-métrages et son chien Sparky. Sparky est le seul ami de Victor. Et puisque la vie [selon Burton] est cruelle, Sparky vient à mourir. Mais la spécificité de Burton, c’est de trouver du beau dans le macabre : Victor a un tel amour pour son chien qu’il parvient à le ramener à la vie. Dans cette victoire, Victor trouve le début de ses ennuis, la réussite amenant jalousie et convoitise.

Dans ce film animé, il y a beaucoup de Burton, de sa propre histoire. Victor, c’est Burton quand il était gosse : amateur de films d’horreur, d’un naturel réservé, considéré comme étrange. La ville de Victor est celle de Burton enfant, celle que l’on retrouve déjà dans « Edward scissorhands ». Aaaaah  "Edward scissorhands", mon Burton favori ! « Frankenweenie » me rappelle l’histoire d’Edward : parvenir à ramener un être vivant à partir de ce qui n’était pas/plus, un être incompris et rejeté car différent. Sparky donne des petits chocs électriques à Persephone quand il lui renifle le bout du museau ; Edward risque d’égratigner le doux visage de Kim chaque fois qu’il l’approche du bout de ses ciseaux.
Nombreux sont les clins d’œil, dans « Frankenweenie », aux films d’horreur ayant bercé l’enfance de Burton : Frankenstein, Godzilla, King Kong, The Gremlins, Dracula. Le personnage du professeur de science me semble quant à lui prendre les traits de Vincent Price, lui qui avait joué le rôle du créateur d’Edward aux mains d’argent.


« Frankenweenie » m’a touchée, car il est avant tout une ode à l’amour. L’amour d’un petit garçon pour son chien ; un amour tellement fort que combiné à la puissance de la foudre, il est capable de ramener un mort à la vie.
« Frankenweenie » m’a ramenée 15 ans en arrière, quand j’aurai tout donné pour ramener mon Mabrouck à la vie. « Frankenweenie » m’a ramenée au-dessus de la table vétérinaire, il y a 3 ans, sur laquelle ma Pepsi venait de rendre son dernier souffle. J’avais beau savoir que Pepsi n’était plus de notre monde, je suis restée accrochée à cette foutue table jusqu’à ce que ma mère me fasse sortir du cabinet de la véto. « Frankenweenie » me ramène à mon âme d’enfant qui ne veut pas perdre ces boules de poils auxquelles je tiens tant.

Oui, Burton n’a pas fait que des bons films, mais je suis intimement convaincue que Burton ne fait un bon film que quand il fait du pur Burton. Pas quand il fait une adaptation à la « Dark Shadows », un remake du style « Planet of the apes » (que je ne me suis toujours pas décidée à visionner) ou quand il répond à une commande Disney. Un bon Burton, c’est un film où Burton y met son âme, celle d’un enfant à l’imagination aussi débordante qu’étrange.
C’est ainsi que pour moi, ces meilleurs films sont ses 3 animations, Edward Scissorhands et Beetlejuice. J’ai néanmoins apprécié « Charlie and the chocolate factory » et « Sweeney Todd », le premier ayant le décalé et le second le glauque burtonien, mais ils leur manquent la magie burtonienne. Celle qui rend le macabre féérique, drôle, attachant.


Si vous avez aimé « The nightmare before xmas » et « Corpse Bride », vous ne devriez pas être déçus par « Frankenweenie ». Celui-ci vous rappellera les films d’horreur vous ayant jadis fait frémir (aaaah les gremlins, ce qu’ils étaient moches !), vous fera rire (je suis fan de weird girl et surtout de son chat Mister Whiskers, et vous serrera le cœur. Car qu’il soit humain ou animal, nous avons tous un Sparky dans le cœur. Mabrouck, Pepsi, vos petites truffes resteront à jamais gravées dans le mien.



Solaena.