Je ne sais pas
comment tu t’appelles, alors je vais t’appeler « bourreau de Mario ».
Mario, c’est le nom donné au lapin que tu as martyrisé. Le nom donné par les
gens qui l’ont trouvé dans leur jardin où t’as été le balancer comme un déchet.
Tu aurais pu mieux choisir le jardin hein. Parce que les propriétaires du
jardin que tu as choisi, ils ont attendu 9 jours avant d’amener Mario au refuge
où je suis bénévole. Parait qu’avant de nous l’amener, ils ont attendu de voir
si personne ne réclamait Mario. Quelle drôle d’idée de vouloir rendre un animal
à son tortionnaire, tu me diras ! Faut croire qu’ils ne sont pas doués pour
reconnaître un animal en souffrance (m’enfin je suspecte quand même une volonté
de ne pas ouvrir les yeux pour ne payer de consultation véto) ; parce que
quand ils ont déposé Mario au refuge ils ont juste signalé un problème à la
patte.
C’est là que j’interviens :
j’arrive au refuge quand ces personnes partaient après avoir déposé Mario. Ah
ça pour avoir un problème de patte, y en avait un ! Ils n’ont juste pas
précisé qu’une énorme tumeur génitale gênait sa démarche. Qu’elle était bien
infectée. Il semblerait qu’ils n’aient pas remarqué non plus que Mario était
couvert de squames, perdait ses poils, avait les incisives tellement longues qu’il
ne pouvait plus fermer la bouche, une grosse boule en dessous du menton et des
pododermatites. Il avait aussi des grosses pointes sur les molaires mais ça je ne
vais pas te le reprocher de ne pas l’avoir vu hein. Tu ne pouvais pas le savoir
vu que tu n’as jamais bougé ton cul pour aller chez un vétérinaire.
Si tu as suivi
jusqu’ici : me voilà donc confrontée à un lapin qui cumule légèrement les
soucis de santé. Et comme je ne possède pas ta faculté de laisser crever un
animal, je l’ai directement embarqué chez moi et le lendemain ma vétérinaire me
recevait d’urgence. J’ai déjà vu des trucs crades, bourreau. J’ai même adoré
mon cours de médecine légale. Mais quand j’ai tenu Mario pendant que la véto
nettoyait la tumeur, j’ai dû me retenir de gerber. Et je me suis demandée comment
le lapin que je tenais entre mes mains était encore en vie. Après deux jours d’hospitalisation,
Mario est rentré chez moi en soins palliatifs : la tumeur génitale était
inopérable.
Depuis hier, j’ai
particulièrement envie de te démonter la gueule, bourreau. Mais je ne peux
pas, tu n’as pas laissé de pièce d’identité quand tu as balancé Mario dans le
jardin. Sinon je serais ravie de te coller une plainte pour maltraitance sur
animal au cul. Et mon pied dans ta tronche, je chausse que du 36 mais y a moyen
de t’envoyer chez le dentiste si je me concentre bien. Vu que je suis dans l’impossibilité
de t’exprimer en direct toute ma sympathie, je déverse donc ma haine ici. Mais
tu t’en fous hein, t’es pas là. Tu n’as jamais été là.
T’étais pas là
quand Mario avait besoin de soins. Quand ses dents ont commencé à sortir de sa
bouche. Quand une tumeur a commencé à apparaître entre ses pattes. Tu as jamais
dû le manipuler en fait. Vu l’état dans lequel on l’a récupéré, tu l’as plus
que probablement laisser crever dans une cage dégueulasse, en témoigne sa
teigne et ses pododermatites.
T’étais pas là
quand j’ai appelé la véto dimanche en catastrophe. Quand on a eu des hauts le cœur
en nettoyant sa tumeur. Tu étais pas là quand Mario me regardait d’un air « ah
non pas encore les soins ! » Quand je le forçais à prendre ses
médocs, quand je galérais pour nettoyer sa tumeur. T’étais pas là quand je
regrettais ne pas pouvoir lui donner plus qu’une malheureuse feuille de chicon
parce que TU ne l’as pas habitué à manger des légumes.
T’étais pas là
hier quand je suis allée chez la véto pour vérifier où en était l’état général
de Mario. T’étais pas là pour me voir me décomposer quand elle m’a dit que la
tumeur avait gonflé et que Mario était plein de nodules. T’étais pas là quand
je me suis effondrée après avoir donné mon accord pour l’euthanasie de Mario. T’étais
pas là quand moi je suis restée jusqu’à la fin pour qu’il ne parte pas tout
seul. Pour qu’il sache que les humains ne sont pas tous cruels comme toi. T’étais
pas là quand il s’est progressivement endormi. T’étais pas là quand je lui
tenais la patte pendant qu’il recevait une énorme piqûre de liquide rose qui
achevait sa vie de souffrance. T’étais pas là quand la véto l’a emmené dans son
petit plaid bleu à étoiles. T’étais pas là pour me ramasser à la petite cuiller
quand je suis sortie du cabinet vétérinaire. Encore moins pour me tendre les
mouchoirs que je massacre depuis hier.
T’étais pas là
parce que c’était ton choix de laisser littéralement pourrir un lapin sous ta
responsabilité. Tu l’as laissé souffrir durant des années. Pendant ce temps-là,
ça fait une semaine que je me fais du souci pour lui. Et j’ai le cœur en
lambeaux depuis hier. Je ne te pardonnerai jamais de ce que tu as fait subir à
Mario. Comme je ne te pardonnerai jamais d’avoir dû assumer l’euthanasie à ta
place. Putain que je te hais, bourreau.
Tu connais la
meilleure, bourreau ? Je culpabilise pour plein de choses. Je voulais lui
faire un espace sans cage adapté à sa santé mais je n’ai pas eu le temps. Je
voulais lui faire goûter d’autres légumes, mais je n’ai pas pu. J’aurais voulu
mieux assurer ses soins. J’aurais voulu lui faire des papouilles sans mes gants
en latex pour me protéger de sa teigne. J’aurais voulu lui sauver la vie mais c’était
impossible. Et toi pendant ce temps-là, tu vis tranquille. Tu as peut-être même
acheté un nouveau lapin à laisser crever.
On ne souhaite
pas le malheur à autrui. J’ai quand même envie de te souhaiter des tas de
choses pas joyeuses. Tu ne liras jamais ces lignes mais je te le dis quand même :
tu es un infâme connard sans cœur et je te souhaite d’avoir l’appareil génital
en feu. C’est que Mario a subi. C’est pour ça qu’il est mort. C’est pour ça que
j’ai dû prendre les devants face à la mort atroce qui l’attendait. Ma seule
consolation, c’est de savoir que Mario n’est pas mort agonisant dans sa cage
puante. Il est parti en s’endormant. Après que je l’ai regardé dans le blanc de
l’œil en lui demandant mille fois pardon. Tu n’es qu’une grosse merde,
bourreau.
Sur ce, j’ai
une boite de mouchoirs à dégommer. Dans 3 jours, cela fera 3 ans que mon petit
lapin Schwartzy est mort dans mes bras. Alors tu m’excuseras, mais la mort de
Mario hier rajoute une belle couche sur un cœur déjà bien gros.
Je-te-souhaite-quand-même-un-bon-scorbut-à-t’en-faire-tomber-les-gençives-
ment tienne,
Solaena.
Mario |
Ton article m'a retournée...
RépondreSupprimerTes mots sonnent tellement juste, ce genre de chose c'est inimaginable pour nous qui aimons les animaux. Quand on voit ce qu'on est prêt à faire pour nos boules de poils et comment se comportent à l'inverse des salopards pareils, on se dit qu'il y a vraiment des différences irréductibles entre certains êtres humains.
J'espère que 4 mois après le souvenir de Mario te hante un petit peu moins