Ayant l’envie de lire des bouquins
« grands classiques » ainsi qu’un city trip prévu à Amsterdam, où se
trouve la maison Anne Frank ; je me suis lancée dans la lecture du journal
de cette dernière.
-Anne Frank, le journal-
J’avoue
que je ne connaissais pas grand-chose d’Anne Frank si ce n’est qu’elle avait
tenu un journal pendant s’être cachée pour échapper aux nazis. Journal publié
après sa mort dans un camp. Je ne savais pas à quoi m’attendre dans cette
lecture, et craignais un peu des réflexions futiles et très enfantines. Que nenni.
Si le livre débute sur des réflexions d’Anne sur ses copines de classe, très
vite l’écriture d’Anne murit au fil des jours passés en captivité. Pour
échapper aux nazis, Anne se réfugie dans ce qu’elle appelle « de
achterhuis » (« la maison de derrière »), traduit par
« l’annexe » en français. Annexe dans laquelle elle vivra deux ans
avec sœur, ses parents, un couple et leur fils ainsi qu’un monsieur plus âgé.
Cloîtrée dans cet espace restreint,
la vie n’est pas toujours facile. Mais Anne tient bon, notamment grâce à ses
correspondances avec « Kitty », nom qu’elle donne à son journal
intime. Anne a 13 ans quand elle entame son récit ; 15 ans quand la
gestapo l’interrompra à jamais.
Au
fur et à mesure, Anne mûrit et grandit. Elle traverse l’adolescence dans des
conditions pénibles ; son corps change et son esprit s’affute. Pas facile
d’être en guerre avec soi-même quand le pays dans lequel on vit l’est aussi.
Pas facile d’être juive quand les suppôts d’Hitler sont obnubilés par leur
quota de juifs à exterminer. Malgré tout, Anne tente de tenir bon et de sourire
à la vie.
Anne,
sa personnalité, sa dualité, sa force de vivre, m’ont beaucoup touchée. Très
intelligente et en perpétuelle remise en question d’elle-même, elle propose des
réflexions intéressantes et étonnamment mûres pour son âge.
C’est
la larme à l’œil que j’ai terminé son récit. Parce que si cette jeune fille
pétillante n’a jamais pu devenir l’écrivaine/femme indépendante qu’elle
souhaitait. Et ce, parce qu’un connard (qui n’a jamais payé pour crime) va
dénoncer Anne et sa famille. Le 4 août 1944, Anne est emmenée par des diables
du führer, et mourra quelques mois plus tard dans un camp de concentration. De
tous les clandestins de « l’annexe », seul le père de Frank survivra.
Le seul hommage qu’il pourra alors rendre à sa fille sera de publier son
journal, précieusement conservé par une amie de la famille.
À l’heure actuelle, la haine envers les juifs
a été remise en lumière avec l’attentat du musée juif à Bruxelles, et par la
tuerie d’Amedy Coulibaly dans un supermarché juif en France. Il me semblait d’autant
plus important de lire le journal d’Anne Frank ; et de visiter cette
annexe où elle a vécu deux ans dans la peur d’être anéantie par la haine nazie.
-Anne Frank, le « musée »-
Célèbre
aux 4 coins de la terre, la maison dans laquelle Anne a vécu cachée durant deux
ans est prise d’assaut par les touristes. À 9h du mat’, nous avons pu constater
qu’il y avait déjà deux heures de file d’attente ! Heureusement, Doudouw
et moi avions pu obtenir des tickets coupe-file online la veille de notre
visite. Car oui, même les tickets online ne sont pas facile à obtenir ! En
clair : dès que vous avez connaissance de la date à laquelle vous allez la
visiter, achetez des tickets online. Ravie d’avoir pu échapper à deux heures
d’attente, c’est avec curiosité et un peu d’appréhension que je suis entrée
dans la maison Anne Frank.
La maison n’est, en soi, pas spectaculaire.
Les pièces sont peu meublées, à la demande du père d’Anne. Ce qui est
impressionnant c’est de découvrir ces pièces où ils ont vécu, les uns sur les
autres, pour échapper en vain à la folie haineuse des nazis.
Lisez ou relisez le journal d’Anne
avant de visiter son « annexe ». Vous pourrez ; ainsi vivre plus
concrètement son récit en parcourant la maison. Ce qui m’a le plus marquée, ce
sont les images collées par Anne sur le mur de sa chambre ; ainsi que les
traits sur un mur indiquant l’évolution de la taille d’Anne et sa sœur. Des
traits arrêtés trop tôt, parce qu’elles étaient juives.
La maison vous en apprendra
davantage sur les 4 protecteurs de la famille Frank, dont Anne parle dans son
journal. Cette maison-musée est sobre et concise dans sa présentation ;
mais elle ne devrait pas être autrement, à mon sens. Les quelques vidéos
proposées sont diffusées en anglais ; et vous trouverez à l’entrée de la
maison des fascicules traduisant dans diverses langues ce qui est inscrit sur
les murs.
La seule chose qui m’a dérangée,
c’est le magasin qui propose une maison/annexe en carton à construire soi-même…
Je trouve que l’histoire de cette maison ne s’y prête absolument pas, et ce
merchandising n’aurait probablement été du goût d’Anne.
En résumé : visiter cette
maison me semble incontournable si vous passez par Amsterdam. Cette maison
rappelle combien il est important de lutter contre le racisme et le despotisme.
Et laissez-moi préciser que la visite de cette maison se fait avec un minimum
de respect : j’ai vu des gens faire des selfies devant une photo d’Anne et
cela m’a franchement choquée.
Pour ceux et celles qui craignent
voir des photos ou des vidéos très dures : ce n’est pas le cas à quelques
exceptions près. La vidéo qui m’a le plus marquée est très courte ; l’on
voit une dame pleurer tenant la main d’un soldat « libérateur » au
milieu de cadavres. Le plus difficile est de s’imaginer cette souriante petite
fille qu’était Anne, mordant sur sa chique durant deux ans entre 4 murs pour
échapper à un mal qui la rattrapera et la tuera à Bergen. Le plus dur, c’est de
se douter de tous les sévices qu’elle y a subi. Des sévices relatés par Eva
Schloss, « demi-sœur » d’Anne et survivante d’Auschwitz.
-« L’histoire d’Eva. Les
mémoires de la demi-sœur d’Anne Frank » par Eva Schloss et Evelyn Julia
Kent-
Eva
est en réalité la demi-sœur par alliance d’Anne Frank : la maman d’Eva
s’est remariée avec le père d’Anne après la libération.
Eva
a connu une histoire similaire à celle de la famille Frank : elle a vécu
cachée durant deux ans pour échapper aux nazis. Mais, le jour de ses 15 ans,
Eva et sa famille sont dénoncés et raflés. Après un trajet épouvantable, ils
sont conduits à Auschwitz. Ce sont de longs mois de souffrances et d’atrocités
qu’Eva raconte dans son livre. Un cauchemar duquel son père et son frère ne
sortiront pas vivants. L’histoire d’Eva est insoutenable et l’on peine à
comprendre où elle a pu trouver la force de survivre à toutes ces horreurs.
Pourquoi
lire ces horreurs ? Parce qu’il faut savoir qu’il y a moins de 100 ans,
des humains ont commis ces ignominies. Parce qu’il ne faut plus jamais laisser
une chose pareille se produire. Parce qu’il y a sur cette terre des gens qui
sont capables de reproduire ces horreurs. Et que donc, il me semble important
de se documenter un minimum sur le sujet ; de lire des témoignages de ceux
et celles qui ont trouvé une force digne du miracle pour survivre à la fureur
nazie.
Pour
toutes ces raisons, je vous invite à lire le journal d’Anne Frank et l’histoire
d’Eva ainsi que de visiter la maison Anne Frank si vous en avec l’opportunité.
Trois expériences dont on ne peut sortir que la gorge serrée, mais grandi.
« Oui, je ne veux pas, comme la plupart des gens, avoir vécu pour rien. Je
veux être utile ou agréable aux gens qui vivent autour de moi et qui ne me
connaissent pourtant pas, je veux continuer à vivre, même après ma mort ! »[1]
Solaena