Cela
faisait un moment que je ne m’étais plus dit « Waaaaaaah » après la
lecture d’un livre d’Éric-Emmanuel Schmitt. Néanmoins, il reste un auteur que
j’affectionne et je suis toujours curieuse de le lire. « La femme au
miroir » m’a fichtrement surprise, je l’ai lu en deux jours.
« La
femme au miroir » est en fait l’histoire de trois femmes : Anne,
Hanna et Anny. Celles-ci nous emmènent successivement à Bruges au Moyen-âge, à
Vienne au temps de Freud et à Hollywood de nos jours. Les trois jeunes femmes vivent
toutes une histoire différente mais sous un même fil conducteur : elles ne
se sentent pas en accord avec le monde dans lequel elles vivent alors que la
société les voient comme des privilégiées. Anne préfère s’émerveiller de la
beauté de la nature alors qu’elle est courtisée par le plus beau garçon de
Bruges ; Hanna n’est pas épanouie alors que son mari lui offre luxe et
mondanité ; Amy est droguée et alcoolique alors qu’elle est une star en
vogue à Hollywood.
Chacune
de ces trois femmes souffrent de ne pas trouver leur place dans un monde
qu’elles considèrent loin de leur idéal. Blâmées pour ne pas rentrer dans un moule
imposé par la société, elles lutteront toutes à leur manière.
L’histoire
qui m’a le plus captivée est celle d’Anne.
D’abord, parce que son histoire se passe à
Bruges. Une jolie ville que je pouvais visualiser concrètement puisque j’y suis
allée plusieurs fois. Une partie de l’intrigue se passe notamment dans le
béguinage que j’ai eu l’occasion de visiter.
Ensuite, parce que je me suis sentie proche
d’Anne. Anne est aussi candide que battante. Elle croit en la spiritualité mais
refuse qu’on l’oblige à l’appeler Dieu ou à croire en une religion imposée.
Elle est entière et n’a pas peur de donner son opinion même si celle-ci est
considérée comme blasphématoire/différent de l’opinion publique. Et pour
qu’elle m’enchante jusqu’au bout : Anne communique avec la nature, végétal
comme animal. Je ne pouvais que me voir en elle.
Hanna
fera plus d’efforts pour tenter de se conformer au moule de son époque :
« Une vie réussie= un beau et riche mari, de beaux mouflets, le tout
inséré dans une vie de grand chic, grand genre ». Mais chassez le naturel,
il revient au galop. Suivre sa voie nous emmènera à l’époque freudienne, celle
de l’essor de la psychanalyse et des théories sur l’inconscient. J’ai beaucoup
aimé l’esprit d’Hanna, son ton un brin sarcastique ainsi que le fait que son
histoire soit contée sous la forme d’une correspondance écrite entre elle et
une amie.
Quant
à Anny, au début de ma lecture elle m’agaçait. Elle se montre pathétique ;
un vrai cliché de ces stars hollywoodiennes qui tentent de noyer leurs soucis dans l’alcool et la drogue. Plus
je la lisais, plus j’avais hâte de retrouver Anne et Hanna. Mais petit à petit,
Anny essaie de se reprendre et de lutter contre la puissance hollywoodienne.Elle a fini par appâter ma curiosité.
Ce
qui m’a plu dans leurs histoires, c’est qu’elles s’assument telles qu’elles
sont malgré les « qu’en dira-t-on », qu’elles n’estiment pas avoir
besoin d’un homme pour s’épanouir et qu’elles luttent contre la connerie
humaine avec pour seules armes leur intelligence et force de caractère.
J’ai
apprécié la façon avec laquelle Éric-Emmanuel Schmitt relie les trois
histoires. Tout comme Hanna et Anny, j’ai été transportée par l’histoire
d’Anne. J’ai même espéré qu’elle ait vraiment existé, et ait été déçue que ce
ne soit pas le cas. Mais quelque part, elle vit en moi : à chaque animal
écouté et protégé, il y a un petit quelque chose d’Anne qui s’exprime.
Je
vous recommande ce livre et espère qu’il vous captivera autant que moi.
Solaena
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