L’un de mes
petits plaisirs, c’est de farfouiner dans les rayons littératures à la
recherche d’un livre qui attirerait mon attention. C’est ainsi que j’ai acheté « Le cantique de l’ours » de
Stéphan Carbonnaux. D’abord parce que l’ours est un animal que j’aime beaucoup,
et que la couverture du livre est assez jolie. Ensuite, parce que ce livre fait
partie de la collection « Petite
philosophie du voyage » et qu’il annonçait un « petit plaidoyer pour le frère sauvage de l’homme ».[1]
C’est donc toute impatiente d’entamer ce livre que je suis sortie de la
librairie. Je rêvais déjà d’une réflexion philosophique sur la condition de l’ours,
sur ce qu’il apporte à la nature. Devinez qui s’est fourré le doigt dans l’œil ?
À
mon grand regret, ce plaidoyer n’en est pas vraiment un. L’auteur raconte sa
passion pour les ours et ses nombreux voyages (surtout en Slovénie) pour aller
à leur rencontre. Et pour le reste ? Ben rien. En gros, on pourrait
résumer ce bouquin à un « J’aime les
ours, je dors dans la forêt après avoir passé ma journée à suivre leurs étrons.
Parfois j’en vois un et j’suis trop content ». Wouhou.
Oui,
on ressent la passion qu’a l’auteur pour les ours, oui cela donne envie de
découvrir les paysages slovènes ; mais non, il n’y a aucun plaidoyer pour
les ours. Si l’auteur déplore les assassinats d’ours réintroduits (comme l’ourse
Cannelle par exemple), il n’argumente pas vraiment pour autant leur défense.
Pire encore, l’auteur dit « Je
précise ici que la chasse ne me gêne pas moralement, et que je préfère un ours
gibier et libre à un ours bardé de matériel électronique et pourchassé par des
éleveurs pyrénéens irascibles ».[2] QUOIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII?! Non mais ho ! Quand on aime
réellement un animal, on ne peut être d’accord avec la chasse électronique ni
avec la chasse de brutes sanguinaires cherchant un nouveau tapis ! Pour
moi, la chasse est à ranger avec la corrida, lancé de cailles, etc. : des
pratiques barbares qui n’ont aucune utilité si ce n’est de donner vie aux
pulsions de mort de certains humains à l’âme mauvaise. L’argument de « Il chasse pour se nourrir »
ne pouvant même pas être esquissé car les chasseurs d’ours ne cherchent pas du
steak mais de la fourrure et/ou un nouveau trophée à accrocher au mur. (Et
soyons clair : j’estime que la nécessité de se nourrir ne justifie pas non
plus la mise à mort d’un animal). Alors
non, lorsqu’on aime les ours au point d’écrire un livre sur cette passion, on
ne peut pas être d’accord avec leur chasse.
Par
ailleurs, je me suis jamais sentie aussi illettrée qu’en lisant ce livre. L’auteur
utilise du vocabulaire et un phrasé bien pompeux : sur seulement 90 pages,
j’ai relevé 4 mots dont je ne connais pas la signification (et que je n’ai
jamais entendus).[3] Est-ce
moi qui manque de vocabulaire ou est-ce l’auteur qui a abusé d’un style de
rédaction « huppé » ? Quoiqu’il en soit, ce dernier ne sera pas
accessible à certains lecteurs quand il en rebutera d’autres. Parfois, rester
dans la simplicité c’est bien aussi. La nature et les ours offrent suffisamment
de belles choses à relater, sans avoir besoin d’en faire des caisses. Il y a un
moment où l’on a envie de demander à l’auteur s’il lève le petit doigt quand il
boit une tasse de thé hors de prix.
De
ce livre, je retiendrai néanmoins les descriptions des paysages slovènes,
lesquelles me donnent envie de les voir de mes propres yeux. Je retiendrai
également une seule phrase : « Il
n’y a rien de plus humains que la peur de la nature sauvage »[4].
Là je suis 100% d’accord avec l’auteur. Dommage que ce livre n’aide pas
vraiment à dépasser cette peur.
Ursinnement
vôtre,
Solaena